Le milieu naturel
Un diagnostic faune-flore a été réalisé de novembre 2019 à mai 2021. Les enjeux écologiques concernent avant tout l’avifaune, l’aéroport étant fréquenté par de nombreuses espèces et l’activité aéroportuaire étant incompatible avec une densité élevée d’oiseaux. En phase d’exploitation, le projet n’est pas de nature à augmenter la mortalité des espèces par les prélèvements. L’impact est considéré comme stable dans le temps car les mesures de lutte aviaire seront sensiblement identiques. Il peut même être attendu une baisse de la mortalité des individus grâce à l’amélioration continue des mesures de lutte aviaire portées par l’aéroport, comme c’est le cas ces dernières années. Les modalités de gestion seront maintenues comme actuellement et ne devraient donc pas impacter les populations d’oiseaux notamment celles associées aux prairies aéroportuaires (bruant proyer).
Les mesures prises en matière de biodiversité sont les suivantes :
- Conserver la station d’Ophrys abeille
- Adapter le planning travaux pour le secteur des pistes
- Adapter le planning travaux pour les abattages d’arbres
- Maitriser les espèces exotiques envahissantes
- Limiter l’attractivité du site pour les espèces
- Assurer le suivi écologique du chantier
- Maintenir des conditions stationnelles autour de l’Ophrys abeille
- Créer un espace végétalisé composite
- Créer un espace d’alimentation pour l’avifaune
- Adapter la palette végétale
- Gérer les espaces verts de façon différenciée
- Assurer le suivi des Espèces Exotiques Envahissantes sur 3 ans
- Assurer le suivi des populations d’Ophrys abeille
Le projet, accompagné de ces mesures, permet ainsi le maintien dans un bon état de conservation les habitats et les populations d’espèces animales protégées présentes sur le site.
Le renouvellement des Arrêtés préfectoraux pour les mesures d’effarouchement ou de prélèvements d’animaux sera nécessaire en phase d’exploitation.
La ressource en eau, un point d’attention majeur
Concernant les eaux souterraines, la nappe de la Craie se trouve au droit du périmètre du projet et se situe à une profondeur comprise entre 10 et 25 mètres par rapport au terrain actuel. Deux sous-bassins-versants séparent quasiment le site en deux parties Est et Ouest. Dans le sous-bassin-versant Est, la nappe de la Craie s’écoule vers le Sud-Est, tandis que dans le sous-bassin-versant Ouest, elle s’écoule vers le Sud-Ouest, en direction des champs captants du Sud de Lille.
La nappe de la Craie est très vulnérable aux risques de pollution notamment en raison du contexte géologique local. Ainsi, un réseau de surveillance des eaux souterraines est présent au sein de l’aéroport. Il se compose de 6 piézomètres positionnés en amont et aval des bassins de rétention et d’infiltration d’eau pluviale dont le suivi est assuré par l’aéroport. Pour protéger cette ressource en eau, des dispositions réglementaires particulières ont été prises, et un réseau de surveillance est mis en place autour des anciens dépôts de carburant AIR Total et AVITAIR – Shell.
Concernant les eaux pluviales, le projet de modernisation de l’aéroport nécessite une adaptation de la gestion des eaux de ruissellement actuellement en place. Sont ainsi prévues la création de nouveaux bassins de rétention et d’infiltration et la mise en place de nouveaux dispositifs de traitement de la pollution (séparateurs hydrocarbures et vannes).
Le projet a été revu pour limiter les surfaces à imperméabiliser. Les éléments de programme ont été positionnés au maximum sur des zones déjà artificialisées. Seules les surfaces strictement nécessaires au bon fonctionnement de l’aéroport seront imperméabilisées. Le projet entraîne ainsi une augmentation de la surface active d’environ 7 ha (surface collectée par les réseaux). Ces nouvelles surfaces augmentent les volumes d’eau à collecter.
Des mesures sont prises par la maîtrise d’ouvrage pour assurer la protection de la ressource en eau :
- Prendre en compte les risques présents au sein de la plateforme aéroportuaire ;
- Améliorer les séparateurs hydrocarbures entre bassins ;
- Maîtriser l’usage des produits phytosanitaires dans le cadre de l’entretien de la végétation du site ;
- Actualiser les dispositions en cas de pollution accidentelle, chronique et saisonnière ;
- Prévoir un entretien régulier des ouvrages de gestion des eaux pluviales.
Le changement climatique
Le secteur de l’aviation représente aujourd’hui entre 2,5 et 3% des émissions totales de CO2 à l’échelle planétaire, la source d’émission majeure étant le carburant. L’impact du secteur aérien s’élèverait à 4,9% du réchauffement climatique mondial.
Le projet devrait faire augmenter le nombre de mouvements d’avions de 12% entre 2019 et 2039 (le nombre total de mouvements d’avions passant de 32 668 en 2019 à 36 691 en 2039). Le flux routier devrait également évoluer, en lien avec l’augmentation initialement prévue de 78% du nombre de voyageurs entre 2019 et 2039. Le projet génère une augmentation des émissions de gaz à effet de serre par rapport au scénario de référence, majoritairement par l’augmentation du trafic aérien puis routier, et légèrement par celui des activités et installations de l’aéroport.
Dans le cadre de l’étude d’impact, un bilan des émissions de gaz à effet de serre a été réalisé. Ce bilan prend en compte quatre types d’émissions :
- Les émissions directement causées par l’aéroport de Lille : modernisation, construction et travaux liés au projet, ainsi que l’exploitation de la plateforme.
- Les émissions directement causées par les tiers de la plateforme : assistant en escale, avitailleur, commerces, etc.
- Les émissions indirectes liées au trafic aérien c’est-à-dire aux compagnies aériennes.
- Les émissions indirectes liées au trafic routier, c’est-à-dire aux trajets des passagers depuis et vers l’aéroport.
Le bilan des émissions de gaz à effet de serre montre qu’en cumulé sur la période 2019-2050 :
- La réalisation du projet de modernisation accompagnée de l’augmentation de fréquentation de la plateforme aéroportuaire, génèrerait environ 4 567,8 kilotonnes d’émissions de GES.
- En l’absence de réalisation de cette modernisation, la simple augmentation de fréquentation de la plateforme aéroportuaire jusqu’à saturation génèrerait 3 957,4 kilotonnes d’émissions de GES.
Le projet de modernisation représenterait donc une hausse de 610,4 kilotonnes par rapport au scénario de référence, soit + 15,4%.
La part directe d’ADL (exploitation + travaux) représente environ 1,8% des émissions sur 2019-2050 en scénario de projet. Le trafic aérien représente 91% des émissions totales.
En 2019, les émissions de gaz à effet de serre sont évaluées à 222,1 kilotonnes d’émissions de GES. Elles sont évaluées à 102,3 kilotonnes en 2039 (SC PRO), soit une diminution de 54 % par rapport à 2019, et à 42,3 kilotonnes en 2050 (SC PRO), soit une diminution de 81 % par rapport à 2019.
Concernant les émissions d’origine aérienne, elles intègrent les « évolutions tendancielles » propres au secteur, ce qui leur permet d’être plutôt décroissantes aussi bien en scénario de référence qu’en projet. Les intensités d’émissions aériennes par passager sont plus basses dans le scénario de projet qu’en référence du fait de L’emport moyen qui est plus important en scénario de projet qu’en scénario de référence.
Afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre, Aéroport de Lille SAS prévoit différentes mesures, parmi lesquelles :
- Obtenir la certification HQE Bâtiment Durable pour la partie nouvelle de l’aérogare, garantissant un haut niveau de performance énergétique, une diminution des coûts de fonctionnement (gestion de l’eau, de l’énergie et maintenance), tout en créant un environnement confortable pour les passagers.
- S’engager dans la démarche Airport Carbon Acreditation (ACA), porté par l’ACI EUROPE. Il s’agit d’un programme d’engagements volontaires de réduction des émissions de CO2 du secteur aéroportuaire. L‘aéroport de Lille vise à l’horizon 2027 le niveau 3+, correspondant à une réduction carbone maximale des émissions sous le contrôle de l’exploitant, et à la compensation des émissions résiduelles, puis le niveau 4+ d’ici à 2030 en mettant notamment en oeuvre un plan de partenariat avec les parties prenantes ;
- La conversion à l’électricité des équipements diesels (généralisation du recours aux systèmes d’alimentation électrique, notamment lors de la création des nouveaux postes avions) ;
- La mise en place de bornes de recharge pour véhicules électriques ;
- Le développement des énergies renouvelables, avec l’étude d’un recours à la géothermie et le développement de production photovoltaïque ;
- Le développement continu de L’emport moyen et l’optimisation de la flotte d’avions, avec par exemple la modulation de la redevance incitative à l’utilisation des avions les plus performants en terme environnemental ;
- Le développement et l’encouragement de l’usage de modes de transports alternatifs à la voiture (transports en commun, mobilité douce).