Avis :
Bonjour,
Vous avez sollicité la population afin de recueillir des avis sur le projet de modernisation de l’aéroport de Lille-Lesquin et c’est à ce titre de citoyen que je m’exprime.
Les élus de Tournai (Belgique) ont manifesté une certaine crainte concernant la pollution sonore qu’entraînerait l’augmentation sensible des vols près de leur commune. Or Baisieux se trouve très exactement sur le tracé en ligne droite reliant Lille à Tournai.
Qu’en est-il exactement ? Après le fiasco de la ZAD doit-on s’attendre à de nouvelles nuisances germées dans les brillants cerveaux de quelques responsables économiques ?
Plus globalement, ce chantier pharaonique est-il toujours opportun dans la mesure où les transports aériens sont désormais pointés du doigt dans la lutte contre le réchauffement de la planète ?
Vous l’aurez compris, je suis personnellement contre cette extension car le bien-être des Basiliens voire des Métropolitains n’est pas pris en compte.
Il serait plus cohérent de concentrer vos efforts sur le canal Seine-Nord et sur le développement des pistes cyclables qui deviennent les axes prioritaires du monde d’après.
Bien cordialement,
Réponse :
Bonjour,
Notre développement répond à la demande de la part des habitants de la métropole et de la région, qui doivent pour la plupart se déplacer dans les aéroports voisins pour voyager. Le projet favorisera la possibilité de prendre l’avion au plus proche de chez soi. Aujourd’hui 85% des voyages aériens des personnes résidant dans la zone de chalandise sont faits au départ d’aéroports éloignés : Bruxelles, Charleroi, Paris. Développer une offre de transport aérien adapté aux habitants de la Région et de la Métropole évitera les déplacements routiers effectués vers ces aéroports et les émissions carbone associées.
Le projet permettra ainsi d’assurer un service public de transport de qualité. Une partie du projet repose ainsi sur la croissance naturelle anticipée du trafic aérien, et s’adaptera à la croissance réelle du trafic.
L’augmentation des capacités d’accueil en passagers est nécessaire car l’aérogare passagers sera saturée à 2,6 millions de passagers par an, et avec un trafic annuel en 2019 proche des 2,2 millions de passagers, ce terminal atteint certains jours le seuil de saturation, notamment en saison estivale. Durant les périodes de forte affluence, les voyageurs sont confrontés à plusieurs difficultés : saturation des salles d’embarquement, des halls arrivées, des parkings et de la rampe d’accès routier, files d’attente aux banques d’enregistrement et aux Postes d’Inspection Filtrage, nombre limité de postes avion au contact, impliquant de prendre le bus ou de marcher pour embarquer. Enfin, ce niveau de saturation est moins conciliable avec les règles de prévention sanitaire. Même en tenant compte de l’impact de la crise sanitaire, les prévisions de trafic démontrent que le terminal actuel arrivera à saturation à court terme et doit donc être adapté pour accueillir le nombre de passagers attendus (2,4 à 2,6 millions de passagers à l’horizon 2023, puis 3,9 millions en 2039 – estimations avant la Covid19).
Par ailleurs, effectivement le secteur sud-ouest de Tournai est concerné par les avions en phase d’atterrissage. Les avions arrivent par le sud et doivent s’aligner sur l’axe de la piste à une quinzaine de kilomètres de la piste et à une altitude de 600 mètres lorsqu’ils passent dans le secteur sud-ouest de Tournais. L’axe de piste est à environ 3 kilomètres au sud du bourg de Baisieux.
Sur la carte ci-dessous sont représentées les procédures RNAV (trajectoires satellites) en piste 26 : en rouge les trajectoires d’atterrissage et en bleu les décollages.
Les nuisances sonores constituent une préoccupation majeure de l’aéroport ; le gestionnaire y est ainsi très vigilant et met en œuvre plusieurs actions pour les réduire.
Ainsi, concrètement, l’aéroport agit sur plusieurs leviers dans son champ de compétences :
- Nous avons à charge de renouveler le système de mesure de bruit et de suivi des trajectoires. La modernisation et la relocalisation du système – en concertation avec les riverains – sont ainsi prévues en 2022. Cela permettra notamment d’améliorer la transparence du système, avec la possibilité pour tous de suivre les trajectoires en réel via un site Internet dédié.
- L’aéroport mettra en place dès janvier 2021 une modulation horaire de la redevance atterrissage pour inciter les compagnies à limiter les vols de nuit.
- L’aéroport mettra en place dès janvier 2021 une modulation de la redevance atterrissage suivant les groupes acoustiques des aéronefs.
- Nous allons également aménager en 2021 la redevance de stationnement de nuit pour encourager les compagnies aériennes à stationner leurs avions longuement et de façon ininterrompue la nuit sur ses aires de parking, dans la mesure où ils n’effectueront pas de vols nocturnes.
Enfin, nous vous confirmons qu’il n’y aura pas davantage de vols de nuit dans les 20 ans à venir.
En parallèle, l’aéroport travaille en lien avec les autorités compétentes :
- Nous participons activement au travail des autorités concernées et des organismes dédiés à la problématique des nuisances sonores afin de trouver les meilleures solutions possibles pour réduire la gêne sonore occasionnée par les avions aux riverains. Ainsi, l’aéroport :
- Siège à la Commission consultative de l’environnement (CCE)
- Echange de manière continue avec le SIVOM
- Adresse régulièrement des synthèses des signalements reçus des riverains à l’Aviation Civile et échange avec cette administration sur les solutions à mettre en place.
- L’aéroport contribue aux documents réglementaires en lien avec les nuisances sonores générées par les avions : le plan d’exposition au bruit (PEB) et le plan de gêne sonore (PGS).
Par ailleurs, le vélo aura toute sa place au sein du projet. Le SMALIM a récemment autorisé la MEL à occuper par anticipation une parcelle de l’aéroport pour la prolongation de pistes cyclables, avec une volonté claire de la part du SMALIM : faciliter les mobilités douces et rendre les parcours en vélo possibles pour les personnes faisant ce choix.
De son côté, la MEL a voté un budget dédié aux mobilités douces de 100 millions d’euros sur toute la durée du mandat, le vélo étant au cœur des préoccupations de la Métropole. En maillage avec le réseau de la MEL, le projet d’Aéroport de Lille prévoit la requalification des voies cyclables existantes sur le domaine aéroportuaire.
Conformément aux spécifications du PLU2 de la MEL, le parvis sera doté d’un point d’accueil des mobilités douces, dont les définitions techniques sont en cours d’étude.